Giselle… – Note d’intention

15 février 2022

Giselle…

Mon intention est toute entière contenue dans ce titre.

Bien sûr, on le devine, il sera question de Giselle, le plus fameux et plus représenté des ballets classiques.

Pourtant, bien que son principal sujet, il ne sera pas le véritable sujet de ce spectacle.

Ce dernier se cache sous les points de suspension, ce signe de ponctuation qui, dans la littérature romantique, traduit l’inexprimable, extériorise sans les nommer les états d’âme d’un sujet sensible et exprime l’ineffable de l’émotion.

C’est l’office que remplit la danse dans le ballet, mais c’est aussi – et c’est le véritable sujet de Giselle… – le prodige qu’accomplissent les interprètes.

Mon ambition est de mettre en partage avec les spectatrices et spectateurs, par le biais d’une oratrice évoquant les différentes facettes du ballet (sa propre fable autant que celle qu’il raconte, son esthétique musicale et chorégraphique, le contexte historique de sa création, etc.), cet état de suspension, proche de l’apesanteur, dans lequel peuvent me plonger les interprètes, ces passeurs d’étonnement, et l’ineffable de l’émotion qui me saisit quand je les regarde.

Théophile Gautier a écrit Giselle pour une danseuse qu’il aimait, je ne fais pas autre chose.

Samantha van Wissen est de ces interprètes qui m’ont fait – et me font encore ! – tant aimer ces arts que l’on dit vivants et qui ne cessent de célébrer la joie profonde d’être au monde.

Selon Julien Rault, maître de conférences en linguistique et stylistique, le dénominateur commun lié à l’interprétation du point de suspension « se fonde sur la valeur de latence, au sens plein : le signe en trois points fait apparaître que quelque chose est susceptible d’apparaître ».

Puisse dans Giselle… apparaître – encore une fois ! – de cette ineffable joie, cette « force majeure » dont « le privilège est de savoir triompher de la pire des peines » comme le résume formidablement le philosophe Clément Rosset.

– François Gremaud

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