Êtes-vous prêt·e·s à entrer dans La Maison de mon esprit ?

25 février 2022

Cette saison, dans le cadre d’un partenariat, la Pépinière produit des reportages sur les créations programmées au Théâtre Saint-Gervais afin de documenter les méthodes de travail des artistes.

Les Old Masters travaillent d’arrache-pied en vue des représentations de La Maison de mon esprit, du 2 au 6 mars au Théâtre Saint-Gervais. Quelque temps avant la première, il faut encore régler quelques détails pour que tout soit optimal. Reportage.

Par rapport à notre première rencontre l’été dernier, beaucoup de choses ont évolué : le texte est désormais écrit, Charlotte Herzig ne jouera finalement pas, alors que la scénographie a été décidée. Reste à régler quelques détails de placement, notamment sur la position des objets qui seront utilisés durant le spectacle. Comme prévu, La Maison de mon esprit reprend l’univers des précédents spectacles, en s’adressant cette fois à un autre type de public : les enfants. Dans l’espace scénique vivent trois êtres : Mauro, Cleub et Kim. Ils y « font des trucs ». Parfois seul·e, parfois en groupe, iels manipulent les objets, font rouler des billes, dansent autour d’un parasol… Un jour, Jonathan, le cousin de Cleub, leur rend visite. Ça l’intéresse, lui, les trucs. Alors il les observe, partage leur quotidien, essaie lui aussi de faire des trucs. Le tout avec douceur et bienveillance, dans un nouveau monde qui n’appartient qu’à eux, qu’ils ont créé : La Maison de [leur] esprit.

Le souci des détails

Durant la répétition du 17 février, le collectif s’est concentré sur des essais de placement d’objets sur le plateau et des simulations de durée de certaines scènes du spectacle. On a ainsi pu découvrir l’imposante quantité d’objets dont iels disposeront : tapis, ventilateur, mousse montée sur roulettes, saladiers, bâche, tableaux, parasol, plage arrière de voiture et tant d’autres objets incongrus… Iels les disposent sur les tapis roses de part et d’autre du plateau, là où iels iront les chercher au fur et à mesure. L’idée est de voir ce qui convient le mieux en termes de positions des objets, de placement pour les dialogues. Sans trop jouer encore, l’objectif est de mémoriser certaines idées et de jouer avec la lumière qui habillera la scène, pour l’instant sans costumes, et « sans foutre le bordel ». Comprenez par-là que les comédien·ne·s font du « air mouvement », en ne déployant pas tous leur matériel, surtout celui qui prend du temps à ranger !

En assistant à toute cette réflexion, on découvre l’univers du spectacle. Cleub, Kim et Mauro vivent là, et « font des trucs » qu’on ne comprend pas toujours. Ont-ils d’ailleurs un sens autre que la poésie qu’ils créent ? À chacun·e d’y répondre avec son imagination d’enfant. Il nous est toutefois précisé que ce qu’iels font est « beau et important », en tout cas de l’avis de Jonathan. Pour que tout soit cohérent, durant la répétition, il faut réfléchir à l’ordre des actions, l’endroit précis où sera rangé chaque élément, les gestes à faire ou pas, les déplacements. Car chaque décision peut changer la trame et la dimension symbolique du spectacle. Imaginez que Jonathan, le nouveau venu, prenne la place d’un·e des membres déjà en place, cela pourrait tout bouleverser !

Parlons-en, de Jonathan. Il est un visiteur, et doit par conséquent se maintenir en position externe au groupe, en observateur. Où peut-il alors se mettre ? Pour fixer cela, les membres du collectif traversent le spectacle en voyant chaque scène, discutent, débriefent, tentent plusieurs choses, modifiant certaines intentions… La réflexion sur le placement en amène également une sur le texte : coupes, ajouts, autres modifications. Rien n’est encore figé, à deux semaines du spectacle, au moment où nous observons leur travail. Un autre élément à prendre en compte dans la réflexion, et c’est une première pour les Old Masters : La Maison de mon esprit s’adresse à des enfants. Il faut donc réfléchir différemment de ce qu’iels ont l’habitude de faire, car ce public nouveau percevra forcément les choses différemment d’un adulte…

© Nicole Pfister

Se faire entendre

L’après-midi de répétition se poursuit avec des tests micros. C’est l’occasion de découvrir les costumes qu’arboreront les personnages, avec leurs masques ressemblant à de gros coussins, rappelant la douceur qu’iels veulent transmettre, dans un aspect moelleux et duveteux. On entend d’abord les discussions entre technicien·ne·s, dans un jargon auquel, avouons-le, on ne comprend rien ! Il est question de XLR, du 5, du 10, de jack asymétrique, de carte son et de routeur… Pour qu’on entende bien le tout, il y a une grande réflexion à mener : quel micro choisir pour que les masques ne brouillent pas le son, dans quel trou faire passer le câble, comment régler l’intensité et la sensibilité pour éviter les effets Larsen avec les haut-parleurs et les micros des autres protagonistes ? Tout un travail de l’ombre qu’on ne voit pas le jour de la représentation.

Cette après-midi de répétition du 17 février, à laquelle j’ai assistée, a donc permis aux Old Masers de retoucher et d’affiner de nombreux éléments. D’un point de vue extérieur, les « trucs » que font les personnages peuvent paraître un peu brouillons, alors qu’en réalité chaque détail est pensé avec une extrême précision, et il est nécessaire d’y réfléchir. On perçoit ainsi tout le travail de l’ombre, ce qui fait le liant entre tous les éléments scéniques. Autant de choses auxquelles on ne pense pas et qui paraissent évidentes lorsqu’on assiste à un spectacle. Mais n’oublions pas que tout découle de tentatives plus ou moins fructueuses, de ratés, de trouvailles, de répétitions…

Lorsque que je quitte la salle, les Old Masters sont encore en pleine réflexion : travailleront-iels encore un moment aujourd’hui ? Que feront-iels demain ? Le tout dans une ambiance détendue. On les entend dire beaucoup de bêtises lors des tests micros, et l’on retrouve là la bienveillance qu’iels veulent transmettre dans leur spectacle, et les visages souriants de leurs costumes. Comme un apaisement. On a hâte de découvrir le résultat final dès le 2 mars !

Fabien Imhof

→ Retrouvez cet article sur le site de la Pépinière.

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