Cry : soigner les derniers détails dans l’ombre

30 novembre 2021

Cette saison, dans le cadre d’un partenariat, la Pépinière produit des reportages sur les créations programmées au Théâtre Saint-Gervais afin de documenter les méthodes de travail des artistes.

Cry se jouera dès le 3 décembre au Théâtre Saint-Gervais. Entre cris et pleurs, c’est la violence qui sera au rendez-vous, avec un côté très sanglant. Afin que le rendu corresponde aux volontés de la troupe, la technique œuvre dans l’ombre pour régler tous les détails.

La première se rapproche à grands pas, les costumes sont là, le plateau sera investi dès lundi… La salle de répétition a pris forme et ressemble de plus en plus au décor qui se retrouvera sur la scène pour les représentations. On retrouve le canapé rouge et les tables basses blanches, un piano, une table ronde romantique avec un bouquet de fleurs, ainsi qu’une grande table couverte d’une nappe blanche, semblant attendre les convives. Au fond, un écran blanc sur lequel une vidéo sera sans doute projetée. Ne manque plus que la Laughing room, dont seul le panneau l’indiquant est déjà là. Ce qui me marque dès mon arrivée, ce sont les plastiques de protection qui recouvrent le sol. On m’indique que la journée de répétitions sera sanglante. Au détour de quelques conversations en anglais, je saisis les mots « blood » et « murder », avant que Pauline Huguet ne me confirme qu’il s’agit de la première journée de répétition avec le faux sang. On annonçait un spectacle où la violence serait exacerbée, on ne va pas être déçu !

Photo du spectacle CRY d'Anna Lemonaki et Lena Kitsopoulou, © Sébastien Monachon
© Sébastien Monachon

Un véritable travail de l’ombre

Mais avant que les répétitions ne commencent à proprement parler, plusieurs technicien·ne·s son, accessoiristes, éclairagistes sont présent·e·s pour peaufiner les derniers détails : comment la scénographie sera montée, quel éclairage il faut à quel moment, comment l’espace sera investi… Autant de détails dont on ne se rend pas forcément compte en assistant à un spectacle, mais qui ont une importance considérable. Pour mieux s’en rendre compte, Lena Kitsopolou explique les scènes de meurtre en accéléré, en montrant rapidement les mouvements et les déplacements. On prend conscience qu’il s’agit là d’une chorégraphie extrêmement précise. Mais surtout, il faudra choisir les éclairages avec soin pour que le rendu souhaité soit au rendez-vous. La metteuse en scène développe ainsi de nombreuses idées, mais il faut ensuite réfléchir à la façon de les restituer sur la scène, d’un point de vue plus technique. Le peu qui est joué sous mes yeux m’évoque immédiatement Scary Movie : entre le masque et les scènes un peu exagérées. Mais il n’y a pas que le jeu et le texte qui entrent en scène ; tout doit interagir correctement, du son à la lumière, en passant par les accessoires, pour que le tous les éléments concordent et convergent dans la même direction, afin que le résultat escompté soit au rendez-vous. Quelle source de lumière faudra-t-il utiliser pour montrer des ombres de mains qui se débattent sous une tente ? Comment recréer une ambiance de film d’horreur à travers l’utilisation de spots ? Beaucoup de questions se posent pour que l’éclairage qui sera fait en live concorde avec l’esprit du spectacle. Rappelons que, d’une soirée mondaine tout à fait banale, la violence surgira. En cause ? Les conversations trop plates et les discussions convenues. Mais le théâtre n’a pas les mêmes moyens que le cinéma et ne peut pas agir en post-production. Tout doit ainsi être pensé pour que le rendu soit conforme aux attentes. De l’éclairage aux accessoires, c’est une intense réflexion qui doit être menée.

Parlant d’accessoires, on découvre un couteau, des perruques, un masque rappelant Scream… Autant d’indices qui nous permettent de rêver aux scènes auxquelles on assistera durant le spectacle. On entend aussi, venant d’une autre salle, des bribes de scènes : entre cris et pleurs, on perçoit la précision du titre du spectacle et sa justesse, avec ce double-sens qui nous intrigue tant. Sans en dévoiler plus sur le contenu des scènes, on ajoutera encore qu’il y a beaucoup d’amusement et de complicité entre les comédien·ne·s. Il y aura du gore, avec des effusions de sang, mais on n’oubliera pas de rire pour autant. Et cela se ressent dans la relation entre les membres de la troupe. Avec leurs costumes qui brillent de mille feux, on entre dans l’univers de la soirée chic qu’ils s’apprêtent à vivre et qui tournera au cauchemar….

Alors, vous êtes prêt·e·s à entrer dans un monde de pleurs et de terreur, pas si loin de la banalité du quotidien ?

Fabien Imhof

→ Retrouvez cet article sur le site de la Pépinière.

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