C’est dans le cadre du Talents Adami Théâtre en 2020 que la metteuse en scène Fanny de Chaillé crée le spectacle Le Chœur, formant ainsi un nouvel ensemble d’une puissance collective magnifique, plein d’humour et d’énergie, à voir jusqu’au 2 février au Théâtre Saint-Gervais.
« Quand est ce que votre histoire a rencontré la grande histoire ? [1] »
Voici la question que Fanny de Chaillé propose à son équipe comme postulat de départ de la création, avec, comme base textuelle les poèmes de Pierre Alferi, du recueil Divers Chaos.
Ainsi naît Le Chœur, aventure de multiples histoires intimes qui viennent rencontrer une histoire collective.
Plateau vide, acteur.ice.s pieds nus, des vêtements aux couleurs qui ressortent et des présences qui claquent !
Avec un récit conducteur qui ouvre des espaces, non comme des parenthèses mais comme des propos à part entière, la proposition formelle du spectacle permet de créer une narration entremêlée de personnel et d’universel, gardant le collectif au premier plan tout du long.
C’est un spectacle qui s’emporte, qui glisse, et, comme une vague qui finit toujours par retrouver son point de départ, le.la spectateur-ice est pris dans des allers-retours somptueux, aussi comiques que dramatiques, sans pour autant perdre pied ou … juste ce qu’il faut pour ne pas se noyer.
Une chose certaine est à écrire : c’est magnifiquement bien construit !
De la poésie de Pierre Alferi à la polyphonie
Pierre Alferi est un romancier, essayiste et poète français contemporain qui publie en 2018, dans la revue Lundimatin, un poème intitulé et la rue, qui sera à l’origine de la création du Chœur.
Il s’agit donc bien de poésie, d’un mouvement poétique aussi bien formel que textuel.
Formel, parce que la recherche autour du travail choral est poétique. C’est-à-dire, la volonté évidente de partir à la rencontre d’une unité, où chacun.e trouve sa place, et par cela, trouve une émancipation individuelle à l’intérieur même d’une émancipation collective. Ce geste-là est poésie et, par conséquent, intimement relié au politique.
De plus, la proposition formelle extrêmement forte du spectacle oscille entre mouvements choraux physiques, textuels, et vocaux.
En effet, nous sommes les témoins d’un travail fascinant et subtil de polyphonies tout au long du spectacle.
Voilà que soudainement, en un rien de temps, l’ensemble crée des atmosphères, des sonorités, des récits entreposés qui sont tous audibles et incroyablement bien produits, des superpositions de paroles avec des jeux de volumes. Enfin, on joue avec la voix comme on joue avec tout le reste.
On se retrouve comme ébailli.e.s, ça joue, ça court, ça bouge et tout ça, dans un espace vide ! L’entièreté du décor est créée par l’ensemble lui-même, soit à travers le corps, soit à travers la voix, et… que cela fait chaud au cœur que d’assister à ce cadeau formidable : voir des acteur.ice.s jouer !
Et puis textuel car les divers récits qui entrecoupent celui de référence apparaissent comme des élans, des éclats de paroles libres.
Aller au-delà de la co-présence
C’est que l’équipe artistique ne s’est pas contentée de penser la création uniquement de manière théâtrale.
En effet, la metteuse en scène propose d’aller au-delà en inscrivant dès le début de son processus créatif, une réflexion et un travail autour des multiples adresses possibles telles qu’un journal ou encore un podcast radiophonique.
Fanny de Chaillé place ainsi au centre de son travail, la nécessité de trouver des possibles, afin de pouvoir continuer à créer indépendamment des pandémies ou autres catastrophes, et cela … ENSEMBLE.
Eva Carla Francesca Gattobigio, La pépinière
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