Comment est né ce projet ?
C’est un texte que l’on m’a donné il y a de nombreuses années et qui est resté dans les tiroirs, aussi dans les tiroirs de mon esprit. J’ai beaucoup travaillé à partir d’adaptations de romans, à partir de textes qui articulaient une parole souvent assez dynamique ou en tout cas l’intention de l’écrivain ou de l’écrivaine était assez forte. C’est souvent des écritures très rythmées, très musicales. C’est ce qui m’avait aussi attiré dans ce texte-là. Le projet il est né d’un désir de ressortir ce texte après avoir lu un texte beaucoup plus récent d’Eugène Savitzkaya qui s’appelle « Fraudeur ». J’ai eu envie de revenir à celui-ci.
Et ce projet, il est né d’un moment où je faisais ce que j’appelais des « lectures domicile », c’est-à-dire que j’invitais des créateurs sonores ou des musiciens chez moi, dans mon appartement. Moi je faisais une petite composition, un petit montage de textes, je proposais à des gens de venir avec des plats. Nous, avec le musicien/musicienne, créateur/créatrice sonore, on leur livrait la lecture. Ils étaient dans le salon, donc on était une quinzaine, jamais plus, et après on partageait un repas. Une de ces lectures était consacrée notamment à Savitzkaya et aussi à John Berger, et je l’avais faite avec Vincent Hänni, et de là on s’est dit que ça vaudrait la peine que l’on pousse cette histoire un peu plus loin, qu’on essaie de l’articuler pour un plateau.
Qu’est-ce qu’il se passe sur scène ?
Alors sur le plateau, il se passe… pas grand-chose, ou presque. Parce que c’est une lecture, on part du présupposé de la lecture. Une lecture avec un musicien. On a rien trouvé de mieux que le terme « lecture augmentée », mais c’est véritablement ça : c’est une lecture dans laquelle on développe un véritable environnement sonore. Les gens sont couchés ou peuvent être aussi assis sur des chaises s’ils le désirent. C’est une invitation à se plonger dans cette histoire, à cette réinterprétation de cette vie d’Elvis, bien qu’il n’y soit effectivement jamais nommé, et de plonger aussi dans tout cet univers que proposent Vincent Hänni et Thierry Simonot. Alors c’est une lecture, mais avec pas mal de petites choses, de petites surprises en plus. Pour voir quelles sont ces surprises, je crois qu’il faut venir écouter, voir !
Ce qu’on cherche aussi à créer dans ce travail, c’est véritablement un univers qui va convoquer la sensorialité des spectateurs et des spectatrices. Donc autant on va pouvoir regarder, parce qu’il y a effectivement des choses à voir, mais on peut autant aussi décider de se laisser aller uniquement dans l’écoute et dans les sensations que provoquent les sons qui vont être proposés et effectivement l’histoire qui nous est présentée.
Trois mots pour décrire le spectacle ?
Écoute. Fantasme. Rythme.