Passion simple
«À partir du mois de septembre de l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme.» Après King Kong Théorie adapté de Virginie Despentes et Le Zoophile d’Antoine Jaccoud, Émilie Charriot complète sa trilogie consacrée à la sexualité confrontée à l’affect, aux acquis culturels et aux enjeux politiques. Passion simple d’Annie Ernaux rapporte, à l’imparfait et sur le mode autofictif, un an de la vie de l’auteure durant lequel elle s’est entièrement abandonnée à une relation avec un amant. Une écriture savamment sténographique, blanche comme on le dit d’une lame, qui fouille ce que le désir et l’attente bouleversent, faisant de l’abandon à l’autre le comble du luxe. Un texte, une lumière, une actrice (Émilie Charriot en personne): la metteure en scène applique sa signature théâtrale forte et ouvre un chemin vers cet autre «être-femme». Ou quand l’amour et le théâtre deviennent deux chemins incandescents pour se révéler à soi-même, loin de la décence qui voudrait s’imposer.